Bonjour à tous,
Je viens enfin de trouver les temps de terminer la traduction française de mon article de TMSJ 2000 (Espèce nouvelle pour l'archipel).
Étude menée sur plus de dix récoltes (une vingtaine de spécimens) avec l'aide constante et précieuse de Jean Mornand, que je salue à l'occasion.
la fiche mutine de MDB est enfin complétée, mais encore loin d'être élégante :roll:
Mutinus elegans Couleur : Blanc, Orange, Rouge
Description :Sporophore d'abord en forme d'œuf semi-hypogé puis épigé de la taille d'un œuf de pigeon, subglobuleux puis ovoïde à piriforme, 1,5-4(5) cm de haut x 1-2,7 cm de diamètre, non bosselé mais bientôt allongé par l'érection interne avant l'éclosion; surface lisse, blanche ou partiellement tachée de brunâtre, munis à la base de nombreux rhizomorphes. Péridium constitué de trois couches, la couche externe et interne membraneuses et blanches, la couche médiane mucilagineuse et hyaline. L'enveloppe externe finit par se rompre pour former une volve à 2-4 lobes, tandis que la couche interne laisse souvent de fines veine blanches, formant des stries ou bracelets sur le réceptacle.
Zone fertile non capitée et sans délimitation nette (pas de renflement ni amincissement notable, pas d'alvéoles). Comme chez toutes les Phallales, le réceptacle porte à son sommet (1/4 à 1/3 supérieur) une gléba de couleur vert wagon à brun olivâtre sombre, ointe sur 4-5 cm de la partie fertile, mucilagineuse et d'odeur forte et fétide, parfois à relent douceâtre-nauséeux, mais non cadavérique.
Stipe Couleur : Blanc, Crème, Orange, Rouge
Réceptacle stipitiforme, 9-19(22) cm de haut sur 1-2,5(3) cm de diamètre, de forme très variable, courtement acuminé à la sortie de l'oeuf, puis cylindrique, souvent atténué à partir de la mi-hauteur en col de bouteille, toujours appointie et tronquée au sommet, perforée chez l'adulte, le méat du manchon apical variant en diamètre de 0,4-0,8 cm. Structure spongieuse tubulaire et creuse de 2-3 mm d'épaisseur, d'abord dressée comme un i, bientôt courbée, à la fin pliée en deux avant de s’effondrer. Surface entièrement de couleur rouge pastèque caractéristique (rouge carmin orangé, à rouge rose, Methuen 9A4-6, 9A-B7 ou 6A6, 7A7), palissant un peu à la base (9C-D8), poreuse dans la partie inférieure qui est composée de cellules polygonales ouvertes de 0,2-0,8 mm, devenant de plus en plus petites et fermées, verruqueuse, vers le haut.
Microscopie :
Basides sub-utriformes à sub-cylindracées, non bouclées à la base, 15-25 x 4-6 µm, portant un bouquet de 7-8 spores. Stérigmates de 1,5 µm de long. Cystides absentes.
Spores 4-5 x 1,8-2 µm, oblongues-ellipsoïdes, lisses, cloison 0,4 µm, hyalines, vert grisâtre pâle, non guttulées.
Coupe d'un œuf de 2,5 x 2,5 cm, blanc sordescent, vite sali de gris brunâtre. Se perce naturellement au sommet après deux jours et laisse échapper un, puis deux ballons remplis de mucus translucide. Coupé en deux au cutter, le cuir mince de l'enveloppe externe offre quelque résistance tandis qu'en dessous, une matière visqueuse comme une huître fuit sous la lame, avant de rencontrer une matière plus solide, grenue comme un radis. Un liquide incolore et insipide comme de l'eau s'en échappe.
La coupe (photo) montre un cortex rouge rose au centre, plus ou moins cordiforme, presque en V, à parois épaisses de 2-3 mm, enveloppé dans une gélatine translucide, plus colorée opaque qu'un blanc d’œuf, beige à jaune brunâtre pâle ( couleur de la gomme arabique, de résine de pin), de 3-6 mm d'épaisseur de part et d'autre de la tige centrale, presque nulle au sommet et à la base.
Le réceptacle est creusé en cavité de 2-4 mm sur chaque moitié. La volve est déjà formée par une couche basale blanc pur, isolant le canal de gelée amniotique, comme un nombril de 1,5 mm d'épaisseur, reliée à l'extérieur à deux cordons mycéliens.
Le réceptacle de l'adulte présente presque toujours un orifice sommital, foramen de 1-3 mm de diamètre. Le tube est un tissus formé d'alvéoles de 0,5-1 mm (mesurées à la face interne du tube) sur la partie fertile, de plus en plus larges vers la base.
Basidiospores verdâtre pâle dans l'eau, lisses, ellipsoïdes, 4-4,5(5) x 1,8-2 µm, à parois épaisse vers 0,5 µm. Stérigmates de 1,5 µm de long. Basides en massue ou fusiformes, 8-spores, non bouclées, 3-5,5(5) x 20-25(30) µm, se rétrécissant avec l'âge, de sorte que leur largeur est inversement proportionnelle à la taille du primordium étudié, se liquéfiant complètement à maturité. Cloisons fréquentes, parfois énormes. Hyphes grêles, vers 3 µm, brusquement renflées en raccord, de type manchon de 8 µm.
Sphérocystes 20-30 x 25-32 µm.
Odeur désagréable
Habitat : Comme d'autres phallacées, le satyre élégant est à la fois tardif (nov.-déc.) et hélio-thermophile. Il semble affectionner les débris végétaux, surtout les composts d'écorces, et les sols acides, le bord des ruisseaux, les terrains incultes sablonneux ou siliceux. Au Japon, il est apparu dans la litière des feuilles de bambous, de Quercus, et hors des bois dans les allées herbeuses sous Zelkova et Cinnamomum.
Comestibilité Sans intérêt
Références bibliographiques
DM 53 p. 44 Jean Mornand (1984), Gastéromycètes de France ;
DM 25 p. 453-458 Szczepka (1995), Clé des Mutinus ;
CD 1748 ; Marchand 378 ;
TMSJ 41 p. 75-78 Guez D. et Nagasawa E. (2000), Espèce nouvelle pour le Japon ;
Eyssartier et Roux p. 1052 ; Bibliographie de Jacques Trimbach
Commentaires
Sous le basionyme de Corynites elegans, il fut décrit pour la première fois par le mycologue explorateur Camille Montagne en 1850 (Herbier inédit), publié en 1856 dans son ouvrage Sylloge Cryptogamarum1. L'espèce fut ensuite recombinée dans le genre Mutinus par Eduard Fischer dans l'ouvrage de Saccardo, Sylloge Fungorum 7 (1), p.13.
Son nom scientifique est tiré du Latin mutinus, « rebelle, mutin », en raison de la force suggestive de son érection, qui attente à la pudeur, et de elegans, sans doute en raison de ses belles couleurs.
Anglais : Elegant stinkhorn, Dog stinkhorn, Devil's dipstick.
Japonais : タヌキノベニエフデ, 狸紅絵筆 (prononcé « Tanuki-no-béni-éfudé » signifie « Pinceau rouge de blaireau »)
Il se différencie du banal satyre du chien (Mutinus caninus) par sa taille plus robuste, appointie au sommet, sa partie fertile colorée de rouge écarlate et peu différenciée du réceptacle (on n'ose pas dire pied, vu l'absence de chapeau ). Ce dernier n'ayant pas d'alvéoles sur la face externe, est simplement ponctué de pore