Il n'avait pas plu depuis deux mois. Deux mois sans cueillettes, quelle abstinence! Et puis cette semaine deux averses accueillies comme la Mousson en Inde! Il ne m'en fallait pas plus pour retrouver ma chère forêt.
Je me rendais aux coins précoces, mais je doutais de l'opportunité de ma démarche en constatant que le train n'était pas encore en gare. Rien, pas la moindre russule, aucun macrophage à l'horizon. La balade fût douce mais infructueuse.
Et puis alors que je revenais vers mon logis, sur le bord du chemin, sous un châtaigner, se tenait tapis ma seule trouvaille de la journée. Je le pris pour un cèpe, son chapeau chamois de belle taille me regardait fier et dressé. Je me penchais pour deviner d'un geste la circonférence du pied. Large, ferme, indemne de toute attaque. Je le cueillais fébrile, le premier de l'automne a le droit à des égards!
Quelle ne fût pas ma surprise de constater une coloration jaune vif sur la partie supérieure du pied. Un aspect de souffre. Je révisais à la baisse mon diagnostic qui passait d'eludis à radicans. Beau spécimen, je le mis dans le panier pour l'étudier. Je pressais du pouce les tubes. Pas de bleuissement!
Brisais une partie du chapeau, rien!
Alors quel est ce bolet? Pourquoi une coloration jaune si vive et pas de bleuissement