Geoglossum glutinosum...
Le poisson clown des piloselles.
Association, protection mutuelle, goûts particuliers...
même si je ne livre rien de scientifique, même si ce n'est peut-être pas une condition impérative à l'existence de l'un ou de l'autre,
j'ai remarqué que chez moi, dans les prairies naturelles, et là je veux revenir sur ce milieu.
J'ai deux types de pâtures, certaines avec seulement quelques graminées, surtout pâturin et flouve, noyées dans les mousses,
d'autres avec une grande variété de plantes rases, serpolet, ononis, plantain lancéolé, canche, centaurée, piloselle et mousse.
Ces dernières, moins agréables à l'oeil, sont les plus riches en espèces de champignons... qui y sont aussi plus difficilement repérables.

C'est là que se cachent les géoglosses, microglosses et trichoglosses.
La piloselle qui m'intrigue est une petite plante qui fait des rosettes de feuilles tellement incrustées dans le sol que les animaux comme les bovins ont du mal à les brouter. Le plantain lancéolé est pareillement protégé.
De Wikipedia :
La piloselle résiste à la concurrence malgré sa petite taille car elle libère dans le sol des produits toxiques pour les autres plantes. A tel point qu'il arrive qu'elle s'empoisonne parfois elle-même et doit attendre que la pluie nettoie le sol pour pouvoir repousser. La pharmacologie moderne lui reconnaît les propriétés suivantes : anti-infectieuse, astringente, cholagogue, apéritive, dépurative, vulnéraire, détersive et diurétique.

Comme dans le milieu marin, il semble que Geoglossum glutinosum, très préférentiellement se développe sous les feuilles poilues de cette plante toxique, et ne montre que le bout du nez. En "faisant" les espaces occupés uniquement par la piloselle, quelquefois un demi mètre carré, je suis sûr de trouver les petites langues noires de la terre, luisantes, visqueuses, insaisissables dans leur jeunesse, chez moi les plus petits des géoglosses.

Le plantain lancéolé accueille lui aussi son petit poisson, mais il se fait avoir, et si Geoglossum fallax est très abondant,
on peut y trouver aussi le très ressemblant Trichoglossum octopartitum que j'ai découvert pour la première fois cette année. D'abord baptisé par moi Trichoglossum walterii, mais Trichoglossum octopartitum par Alain Brissard, c'est finalement ce dernier nom qui a été confirmé après examen par Jean Paul Priou, notre spécialiste national. Cette espèce n'aurait pas été signalée en France à ce jour... Elle est peut-être sous vos pieds...

Consommés par les charolaises, les plus grands "glosses", comme Microglossum olivaceum et (Thuemenidium) Geoglossum atropurpureum se montrent plus facilement, et qui sait les vaches peut-être les emmènent ailleurs quand on les déplacent... puisque j'ai découvert de nouvelles stations cette année.
Année favorable dans le Morvan, sur les pentes où les gelées hésitent à monter pour le moment.
Et après... qui sait...
Bonne soirée
jean pierre

De vraiment superbes photos que tu nous offres là!
Merci.
Fernando

Magnifique.
J'étais à Nantes cet après-midi à l'exposition de l'AMO (Association Mycologique de l'Ouest) où j'ai pu rencontrer des mycologues de haut niveau dont l'ami Jean Paul Priou.
Tous sont séduits par la qualité de tes photos ; je redis aux visiteurs de mycodb : prenez modèle sur Jean Pierre si vous mettez des photos sur le site.
Nous sommes maintenant riches en espèces alors soignons si possible la qualité des clichés.
Merci Jean Pierre pour ces beautés.