Pour ceux qui préfèrent ne pas télécharger le texte dont Rémi parle,
Champignons et compagnie
Il vous accueille avec un grand sourire, ses yeux pétillent de malice et vous pensez être devant un aimable amateur de champignons aux connaissances un peu plus étendues que la moyenne. Et c'est là que tout commence !
Tout d'abord vous êtes saisi par l'importance de la documentation (20m de références sur la mycologie par exemple), car il est approprié de parler ici de bibliothèque. Et encore n'en voyez-vous qu'une partie ! Mais, au-delà de la quantité, ce qui frappe c'est le soin apporté au classement de tous ces ouvrages, chacun placé dans le domaine ad hoc. A cela s'ajoutent les nombreux dossiers, chemises et classeurs où tout document reçu, quel que soit le sujet, est répertorié. Notre homme n'a pas besoin d'ordinateur, ni pour retrouver un renseignement, ni pour stocker une information.
Après, il suffit d'écouter en prenant bien soin de ne pas en perdre une miette. Le plus naturellement du monde il vous dit qu'il n'a pas eu besoin de forcer sa nature, la curiosité, l'envie d'apprendre l'ayant poussé dans des chemins qu'il n'a pas vraiment choisis.
Ainsi, ce n'est pas sa faute si, dans la ville de Bourgogne où il a grandi, le débouché naturel des études conduisait au domaine scientifique. Va donc pour les Arts et Métiers !
Arrivé à Angers vers 1950 il enseigne au Lycée Chevrollier. La venue de l'usine Thomson en 1956 impose la radio-électricité puis l'électronique avec la création de l'I.U.T. Notre homme est candidat pour ces nouvelles formations mais il n'existe pas de manuels pédagogiques. Pas de problème, il va en écrire. Suivront alors, chez Dunod, sept éditions pour un total de 250000 exemplaires avec des traductions en grec et espagnol.
A côté du travail, la nature est sa grande passion, plus particulièrement les champignons, domaine dans lequel son père l'a initié. En 1961, il intègre la section mycologie de la Société Scientifique de l'Anjou. Sous son impulsion, et aidé de botanistes chevronnés, un inventaire des champignons du Maine et Loire est réalisé puis publié en 2005, 4000 espèces sont ainsi référencées. Ces travaux lui valent une réputation qui dépasse les frontières régionales. Sociétaire depuis 50 ans de la Société Mycologique de France, il en sera le président pendant trois ans. Les articles et publications au niveau national s'enchaînent dès lors.
Chez lui, c'est un vrai laboratoire avec microscope, appareil de déshydratation, boitiers étanches pour conserver les spécimens, le tout accompagné de fiches détaillées. On l'aura bien compris il ne s'agit pas là de dilettantisme mais de travail scientifique. Ses champs d'études privilégiés sont les gastéromycètes (les vesses de loup si vous préférez) et les champignons parasites des insectes. Pour les premiers il a, en 1994, donné un nom ( Podaxis saharianus ) à un champignon du Sahara jusqu'ici inconnu, car bien évidemment ce n'est pas un chercheur solitaire, il est en relation de par le monde avec d'autres passionnés scientifiques.
Evidemment, quand vous vous intéressez aux champignons vous ne pouvez pas ignorer leur environnement, en particulier le sol, ce qui vous amène à la géologie. Mais, au lieu de se contenter des recherches des autres, pourquoi ne pas participer à ces mêmes recherches !
Et puis en fouillant le sol, on trouve des traces de civilisations, il est donc normal de pénétrer les mystères de l'Archéologie et de la Paléontologie de l'Anjou. La conséquence en est chez lui, en dehors de quelques pièces exposées, une bonne quantité de tiroirs remplis de ses trouvailles sur différents chantiers.
Comme il lui arrive de prendre des vacances en Bretagne, il ne pouvait rien faire de moins que de dresser un inventaire complet des monuments mégalithiques de la presqu'île de Crozon.
Vous l'avez peut-être aperçu au centre Jean Vilar lors de l'exposition mycologique des 26 et 27 octobre dernier. Si vous voulez en savoir plus, contactez-le, il ne demande pas mieux et vous aurez là un bon bain de jouvence.
Jean Mornand va bientôt avoir 88 ans et il a des projets plein la tête.
Claude Boissenot, Pierre Bossé
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