Si vous êtes d'accord, Voyageurs, partons...
pas près d'eaux bleues, de neiges, de volcans,
Allons voir ce paysage ordinaire que j'aime, une plaine sans horizon, comme la mycologie, où le vent et la poussière ne sont arrêtés que par les peupliers des bords de routes, les saules des rives, la plaine de Pannonie, la rencontre du Danube et de la Drave, comme la Saône et le Rhône chez nous.
Dans l'épais limon de ce fond marin, le Danube joue à refuser l'eau de la Drave, la zone des anciens lits de l'un et de l'autre est un marais à niveau variable, théâtre de guerres incessantes, poissons, gamins pêcheurs, cormorans, policiers...
Depuis la guerre et les mines, les quelques touristes naturalistes ne sont pas revenus dans ce paradis de la Baranja ( Kopacki rit ). Les bateaux attendent.
J'y suis retourné avec un ami, et j'ai inspecté les saules couverts de Lentinus tigrinus, et puis, une sorte de corticié m'a attiré, racorni par la chaleur.
De retour en France, un peu d'eau, mes champignons se sont ouverts comme des oreilles attentives.
Chair gélatineuse recouverte d'un épais feutrage blanc, Bourdot et Galzin, au chapitre CYPHELLINÉS, de Cytidia flocculenta à Cyphella ampla, puis Auriculariopsis ampla ou Auricularia léveillei... maintenant Schizophyllum amplum ( Léveillé ) m'a dit Albert...

Comment expliquer aux débutants mycologues que j'ai rencontrés en Croatie qu'ils doivent apprendre les noms latins des champignons pour que je les comprenne... que nous puissions nous entendre... Auriculariopsis me plaisait bien, mais Oslo s'en fiche.

Le champignon est là, indifférent, ou peut-être pas, en forêt riveraine, Alsace, Belgique, et ailleurs sûrement.
Pas fragile, il attendra longtemps.
A bientôt
jean pierre