Elle était jeune, elle était belle pour moi, elle était pleine de promesses...
C’était une place à feu de 6 mois, protégée par une haie, haute de 1 m, pyramidale, avec des faces à l’ombre de l’été.
Une bonne pluie fin août l’avait gavée d’eau, et elle m’avait régalé de deux Peziza, d’Anthracobia, de Pyronema...
Elle n’est plus, le paysan est passé étaler cette verrue dans son champ, 1 mois avant nos expos...
Depuis deux semaines, Peziza proteana, dans sa forme ordinaire avait développé des groupes de fructifications en nombre, de belle taille, certaines coupes avaient plus de 10 cm de haut et presque autant de large.
c’est une pézize que je n’avais rencontrée qu’une fois, au dessus d’Autun. La forme sparassoïde qui peut atteindre une taille énorme, plusieurs kilos, les collègues pourront nous renseigner, est peut-être plus fréquente. Elle est surtout plus visible.
Dans sa forme simple, elle régale les yeux de ses couleurs nuancées, de blanc pour les parties situées à l’ombre, à rose lilacin pour les coupes exposées. Peziza petersii lui ressemble, je ne la connais pas, et si vous la voyez, ou si vous l’avez vue, parlez-nous en un peu.

Mais l’amour des champignons veut que le sujet de ce message soit l’autre pézize, on aime bien les enfants qui nous font vibrer... ceux qui posent problème... les petits derniers.
J’ai donc ramassé tout à côté de Peziza proteana un champignon plus coloré, dans des tons chauds, d’abord en forme d’Otidea, cespiteuse parfois, et alors plus étalée et tourmentée, comme nos oreilles à nous cette fois.
L’hyménium est lisse et comme gras, jaune saturé à orangé, l’excipulum est granuleux et un peu plus sombre, surtout à la marge.
Difficilement mature, les spores bien développées, même dans les asques étaient très peu nombreuses, je suis repassé plusieurs fois en récolter, et j’ai même arrosé le milieu.
Je suis parvenu à montrer l’ornementation très intéressante à Rémi, et après quelques heures de «travail», nous étions d’accord sur un nom possible, Peziza rifaii.
Ascofrance, le paradis des spécialistes pour les Ascomycètes, par ceux qui l’avaient vue une fois, nous ont confortés dans notre appréciation.
C’est une pézize rare, exotique, vue peut-être pour la première fois en France en Normandie en septembre 1999 par JP Priou et A Delannoy, et revue en 2005 en Côte d’Or par G Moyne et P Chaillet.
Je n’ai connaissance que de ces 2 récoltes, il y en a sûrement d’autres.

Il n’empêche, c’est une belle espèce colorée, estivale, qui vient sur le charbon, quand la place à feu est encore jeune.
Je ne sais si les débris de mes champignons auront le loisir de renaître des cendres qu’on a bien voulu leur laisser, ou si leurs spores légères auront su prendre leur envol à temps pour atteindre des lieux plus cléments.
Je ne l’oublierai pas, si mes petites cellules grises... Elle était très belle.
jean pierre

Belle découverte qui nous a fait beaucoup discuter tellement il était improbable que ce fût rifaii tellement elle est rare et découverte au départ loin de notre continent.
Je vois sur tes photos du pourpre qui nous manquait un peu lors de nos premiers essais de détermination.
Ne prenez pas exprès l'avion pour Colenso en Nouvelle-Zélande ou Buenos Aires en Argentine pour voir Peziza rifaii, elle pousse près d'Autun, à portée d'arrosoir de chez Jean-Pierre dans le Morvan.
Merci Jean-Pierre et content d'avoir réussi à nous deux, puis avec l'aide de mycologues de renom comme Dick Korf, René Dougoud, Gilbert Moyne et Alain Delannoy à mettre en rayon, comme nous aimons bien le faire ce petit bijou exotique.
Nous avons pris du plaisir et nous avons bien fait, car, caprice de la nature, nous ne reverrons peut-être jamais la pézize de Monsieur Rifai.
Merci Jean-Pierre. Bonne journée à tous.